5/9/16
Rodrigues, as-tu du coeur? Le logo des Hauts de France.
Le Conseil Régional des Hauts de France a décidé de confier la réalisation du logo de la nouvelle région aux étudiants en arts graphiques. Le lauréat prend soin d’éviter toute référence à l’Histoire ou au patrimoine de la région et nous ressort la vieille ficelle du cœur.
Les régions françaises sont comme les jeunes filles en fleur : elles adorent les petits cœurs. Il faut dire que le cœur est un symbole positif et fourre-tout : c’est l’amour, la générosité, mais aussi le centre névralgique. Il a aussi et surtout l’avantage d’être compris par le premier imbécile venu, à l’inverse des signes héraldiques qui nécessitent un minimum de culture et de respect pour l’Histoire.
Après les anciennes régions Centre, Nord-Pas de Calais et Champagne-Ardenne, les Hauts-de-France font donc preuve d’une foudroyante originalité en adoptant le cœur comme emblème. Reconnaissons-le, le choix n’est pas dépourvu d’une certaine logique puisque cette région est l’héritière de feu le Nord-Pas de Calais, déjà adepte de ce symbole.
« L’auteur a voulu mettre en lumière la position géographique des Hauts-de-France », précise le site internet du Conseil Régional. On s’en serait douté. Mettre une croix sur une carte, c’est ce qu’il reste quand on n’a rien à dire pour caractériser son territoire. Poitou-Charentes et la Franche-Comté l’avaient aussi fait en leur temps. Comme pour leur nom, les Hauts-de-France ont donc fait le choix de la facilité : associer un cliché (le cœur) à un autre (la carte de France).
L’exécution, elle, n’est pas si mauvaise. Elle combine habilement les couleurs des anciennes régions Nord-Pas de Calais et Picardie et ajoute l’image du nœud, symbole du lien, à celle du cœur. C’est propre, clair et beaucoup plus professionnel que la plupart des autres propositions. Malgré tout, tant qu’à opter pour un logo plutôt qu’un blason, notre favori était le logo 7, plus enraciné dans le patrimoine culturel et historique de la région, et dont la forme d’écusson donnait un côté plus institutionnel à l’ensemble. Mais à ce compte-là, pourquoi ne pas opter carrément pour un blason?
Mais c’était sans doute beaucoup trop élitaire pour nos incorrigibles politiques. L’ordre du jour, c’est la simplicité et le nivellement par le bas. La preuve : on ne confie même pas le développement de l’identité visuelle à des professionnels.
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